Dodécathlon 20.12

Après 20 ans, maintenant 12 mois, pour 12 défis un peu fous...

mardi 20 novembre 2012

Poutine méritée !


Note: nous avions d'excellentes images vidéos de l'Ekiden, mais le fichier vidéo a des données corrompues  qui rendent tout transfert ou montage sur disque dur impossibles.  Des images photos, quoique partielles du défi, seront peut-être ajoutées dans les prochains jours.
Anthony à l'approche de Samuel lors
de l'échange entre les relais 3 et 4.
L’Ekiden du Centre-du-Québec a comme prévu commencé dans le royaume de la poutine (Drummondville) à 6h00 ce dimanche 18 novembre 2012 pour se terminer au royaume de la poutine (Warwick) à exactement 19h54 et 33 secondes, soit après un total de 13 heures 54 minutes et 33 secondes de course nécessaires pour compléter les 218 kilomètres.  Il faisait beau pour la saison, froid au départ, frisquet par la suite, mais ensoleillé en courant de journée.  
Nous avons, dans l'ordre, traversé les agglomérations suivantes:  Drummondville, Ste-Marjorique, Ste-Pie-de-Guire, St-François-du-Lac, Pierreville, Baie-du-Febvre, Nicolet, Port St-François, St-Grégoire, Ste-Angèle-de-Laval, Bécancour, Gentilly, St-Pierre-les-Becquets, Deschaillons-sur-St-Laurent, Parisville, Ste-Françoise, Villeroy, Plessisville, Princeville, Victoriaville, St-Christophe-d'Arthabaska et Warwick. Comme on dit, ça fait une trotte ! Si je me permets de nommer tous les bleds et les agglomérations traversés,c'est parce que trop souvent, au Centre-du-Québec, les gens ne connaissent pas les lieux et les limites qui composent notre région.  Pour diverses raisons, historiques et compréhensibles, je me suis au fil du temps rendu compte que la connaissance, et par le fait même la valorisation de la région et les projets régionalement rassembleurs (comme le club Kalenjins), méritaient une plus grande promotion.  Selon moi, il faut que les deux grands pôles arrêtent de se voir comme des lieux clos, fermés sur eux-mêmes (particulièrement dans le cas de Drummondville) et que l'ensemble des citoyens du territoire se créer une appartenance à cette vaste région aux contours flous.  Cela dit, le contour paraît moins flou quand on l'arpente un pas après l'autre durant une même  journée. 
Vous voulez une statistique débile et inutile ?  C'est, au pas de course, environ 150 000 foulées qu'il faut à des coureurs d'élite régionale pour en faire le tour ! 
Voici un bref compte-rendu de chacun des relais, avec ensuite un tableau synthétique des résultats de l’équipe et, enfin, des commentaires sur le défi réussi et sa postérité éventuelle, avant de conclure avec quelques mots sur l'état des choses dans le Dodécathlon lui-même.

Compte-rendu de chacun des relais (donc 10 petites histoires qui forment la grosse)

Cédric Boisvert, 6h00, 21.4 km entre le parc Woodyatt et St-Bonaventure

À 5h40, du matin précisons-le, il ne faisait pas chaud à Drummondville.  -7 degrés pour être exact.  Cédric et l’équipe de support alors composée de Marc-André Raiche, Marc-Antoine Crépeau et moi-même (Robin) sautillions sur place en attendant le départ.  Était-ce la hâte de lancer l’ekiden ou simplement le froid ?  Honnêtement, c’était le froid.   Il n’aura cependant pas falu un long laps de temps à Cédric pour se réchauffer et montrer ce dont est capable sa foulée musculaire.  A peine était-il lancé qu’il donnait le ton en matière de vitesse pour le reste de la journée.  Après 8 kilomètres, il avait déjà deux minutes d’avance sur le temps cible (15 km/h).  Toutefois, lui qui n’avait jamais couru aussi longtemps à une pareille vitesse avait pour principal obstacle la longueur de la distance et non la vitesse.  C’est finalement contre les crampes qu’il dû lutter en cours de route, le ralentissant tranquillement sans pour autant qu’il ne renonce à combattre dignement, sans rien laisser paraître, jusqu’à la fin.  En bout ligne, c’est 4 minutes que Cédric retrancha.   Une course représentant sans nul doute un dépassement de soi.   Et un très bon départ d’Ekiden.

Marc-André Raiche, 7h21, 23.3 km entre St-Bonaventure et Pierreville

 Marc-André a entendu (et vu) le message et s’est donc permis, dès le second relais, de rendre l’objectif plus que réalisable pour l’ensemble de l’équipe en pulvérisant la vitesse cible.  Après lui, nous avions un confortable coussin…  En effet, dès le départ il prenait un rythme de 3 :38 à 3 :40/km qui a non seulement rendu l’Ekiden un défi de performance, mais a considérablement gelé son pinch prenant vite les couleurs glaciales du givre automnal !  Oui, il faisait encore froid !  Il accélérera légèrement avant la fin, maintenant une allure constante, ayant peu variée jusqu’à l’arrivée.  Une course solide, rapide, d’autant plus impressionnante qu’il est un spécialiste de 800m (PB de 1 :52).

 Anthony Précourt, 8h45, 21.6 km entre Pierreville et Nicolet

Le troisième relais était –à mes yeux- le plus difficile, à tout le moins mentalement.   On pourra toujours s’illusionner en disant que certaines portions offraient un regard sur le Lac St-Pierre ou le pays de l’oie blanche, il reste que, de fait, c’est un des endroits les plus morne de la région au moment de courir : champs fréquents, accotements à l’inclinaison sévère, monotonie sans zest de nature zen.  De tout mon périple entre Montréal et Québec, c’est la portion que je garde en souvenir comme la plus subjectivement longue.  Anthony a prudemment lancé son relais à un rythme avoisinant 4 :00/km qu’il a pu tenir, même un temps avec une légère avance, jusqu’à 14 km, après quoi il a à son tour dû combattre  contre la décélération avant, tout de même, de ressentir l’excitation d’une satisfaction plaisante que je devine en entrant symboliquement sur le pont donnant accès à Nicolet, moment culminant de ce troisième relais. 

Samuel Letendre-Roux,   10h14, 18,5 km entre Nicolet  et Ste-Angèle-de-Laval 

Notre plus jeune concurrent était peut-être aussi, avant le départ, le plus nerveux.  On peut comprendre.  Bien que la distance était moindre, le chiffre 18.5 représente beaucoup de kilomètres à 15 ans, quel que soit notre vitesse, expérience ou talent.  Le soleil commençait à réchauffer l’ambiance et l’Ekiden allait déjà bon train avec 14 minutes d’avance quand Samuel, le premier relayeur en cuissard et non en culotte longue, a lancé sa portion à une vive allure, passant le premier 5 km en 18 :30. Il ralentira à peine par la suite malgré des douleurs qui, vers la fin, lui ont fait souffrir le martyre.

Robin Richard-Campeau, 11h25, 23.4 km entre Ste-Angèle-de-Laval et Gentilly    

En raison notamment de mon expérience en course en pied en général et plus particulièrement de cette portion du trajet (cf. Montréal-Québec…), j’avais le relais délicat faisant 10 km sur l’autoroute 30.  C’était aussi, a priori, le plus long relais.  Bien que l’année chargée du dodécathlon ait depuis quelques temps commencé à faire payer son dû, il était peu probable que je « perde » du temps sur l’objectif.  Et, effectivement, c’est ce qui est arrivé à mon relais, le cinquième : une course sans histoire, à une allure modérée et constante du début à la fin, quoique, comme pour tous les équipiers, chacun des kilomètres d’additionnant vers la fin était plus ardu que le précédent…  Une maigre minute fut retranchée à l’objectif en bout de ligne.

Guillaume Ouellet, 12h58, 20.8 km entre Gentilly et Deschaillons-sur-St-Laurent

Le sixième relais était, visuellement, tout le contraire de la plupart des précédents : le paysage était relativement beau.  Pour compenser cette injustice, Guillaume devait affronter, sur son parcours, trois côtes intéressantes en plus d’un léger vent de face.  Après deux ou trois kilomètres, il affirmait ceci: « j’ai pas de jambes ».   C’est vrai que son allure de départ était raisonnable, autour de 3 :50-3 :55/km.  Puis, curieusement, les jambes se sont réveillées et, le centre de gravité toujours juché haut sur les pattes sans jamais s’écraser ou osciller de haut en bas, les pas (joli « footspeed » d’ailleurs) de Guillaume l’ont mené à accéléré jusqu’à la fin pour prendre un autre 5 minutes d’avance sur l’objectif.  Dire qu’en plus il était malade (à moins que ce ne soit la course qui ait achevé son système immunitaire et réveillé le virus qui dormait ?)

Dominic Perreault, 14h16, 21.4 km entre Deschaillons-sur-St-Laurent et Villeroy   

Dominic, natif de Parisville, était en terrain connu.  Il connaissait son trajet et, à l’inverse, sur son trajet Dominic était connu.  Malgré les encouragements occasionnels aux alentours de sa municipalité, Dominic n’a pas trouvé facile sa portion de l’Ekiden.  Au début, tout semblait rouler aisément pour lui.  Prudent, légèrement sous 4 :00/km, il grugeait tranquillement l’objectif d’équipe de quelques secondes.  Il dû aussi se battre dans les derniers kilomètres pour ne pas trop ralentir.  Dans le top 3 des athlètes « crevés » après leur course, il occupe assurément une place (la première place étant disputable avec Dany, et Anthony revendiquant au moins une marche sur le podium).  Dominic retranchera quelques secondes à l’objectif de 14h30 pour l’ensemble de l’Ekiden.

Mathieu Côté-Landry, 15h41, 21.5 km entre Villeroy et presque Plessisville   

Gaillard boute-en-train et divertissant, Mathieu avait un relais tout à l’inverse de lui-même : sans piquant et endormant.  Déjà, il prenait le tasuki (le truc en tissu servant de témoin qu’on devait porter en bandouillère) au milieu de nulle part.  Sur la 265 entre des rangées d’arbres à perte de vue.  Il mit rapidement un peu d’animation dans ce huitième relais.  Changements de côté de route, comiques gesticulations et quasi-vaine tentative d’enlever des pelures en cours de route…  La fin fut cependant, aux yeux de Mathieu même, moins drôle que le début.  « Je ne suis pas un gars de demi » fut un de ses premiers commentaires à l’arrivée.   Peut-être, mais il a tout de même fait mieux que 1h20 au passage à 21.1…  De toute façon, Mathieu pouvait peiner autant que voulu vers la fin, nous avons conservé une positive image de lui…parce qu’à la fin on ne pouvait plus le voir en raison de la noirceur !

Dany Racine, 17h03, 23.4 km entre Plessisville et Victoriaville     

Dany Racine en pleine action
Au départ du 9e relais, l’avance sur l’objectif était déjà plus que confortable.  Or Dany, plus rapide coureur de l’équipée, allait en ajouter une bonne dose.  Au début, il survolait le parcours, courant dans le noir à vive allure.  En fait, jusqu’aux 3 derniers kilomètres, il pulvérisait l’objectif.  De façon intéressante cependant, Dany finira par combattre comme d’autres avant lui dans les derniers kilomètres (« to bonk » est l’expression ici appropriée).  En fait, étrangement, Dany aura été à la fois celui ayant fait les plus rapides et les plus lents kilomètres de l’Ekiden.   Il retranchera au final 10 minutes à l’objectif commun.  Fait aussi à noter : ce fut notre dernier coureur en short de la journée –et, Dany en conviendra, cela aurait dû être Dominic parce que Mathieu, culotté !, avait eu raison de garder ses tibias au chaud…

Jérémie Labbé, 18h29, 22.6 km , entre Victoriaville et Warwick

Avant le départ, Jérémie confessait s’attendre, en venant à l’Ekiden, à une petite course relax à 4 :00/km.  Sauf que si tout le monde pousse…   Il revenait donc à lui de finir la traversée centricoise en beauté.  Armée d’un convoi de six véhicules de support/sécurité, il a poursuivi le chemin sur la 116 –avec un « croche » par le centre-ville de Victo- à une allure de locomotive efficace, solide, constante comme un train qui avance sans faiblir.  Il accélérera même un peu vers la fin.  Il aurait même fait mieux, selon ses dires, si ses intestins avaient été à la hauteur de ses jambes…  Dans les derniers 500m, Marc-André, Marc-Antoine, Anthony, Dominic, Dany, sa blonde et moi étions à ses côtés ou peu derrière pour voir se clôturer le premier Ekiden de la région. 

Tableau récapitulatif de chaque relais réalisé

Relais #
Nom
Distance (km)
Chrono
Vitesse par km
Temps au demi-marathon
1
Cédric Boisvert
21.4
1h21 :10
3 :47
1h19 :55
2
Marc-André Raiche
23.3
1h24 :20
3 :37
1h16 :32
3
Anthony Précourt
21.6
1h28 :10
4 :04
1h26 :26
4
Samuel Letendre-Roux
18.5
1h11 :00
3 :47
1h23 :00*
5
Robin Richard-Campeau
23.4
1h32 :40
3 :57
1h23 :50
6
Guillaume Ouellet
20.8
1h18 :35
3 :46
1h19 :45*
7
Dominic Perreault
21.4
1h25 :00
3 :58
1h23 :52
8
Mathieu Côté-Landry
21.5
1h21 :35
3 :47
1h19 :40
9
Dany Racine
23.4
1h25 :52
3 :40
1h15 :00
10
Jérémie Labbé
22.6
1h25 :23
3 :46
1h19 :35
Total :
218 km
13h54 :33
3 :49
1h20 :40

*Temps projeté

Commentaires et analyse sur les résultats

Jérémie en voie de terminer l'ekiden du Centre-du-Québec
On voit donc, au final, que nous avons fait un kilomètre de plus que l’Hakone-Ediken. Cela en raison du mesurage initial approximatif.  C’est donc dire que nous avons pris 40 minutes de moins que le temps nécessaire pour compléter chacun des relais à un rythme de 15 km/h.  Nous avons collectivement maintenu une allure moyenne de 15.7 km/h. 

Plus impressionnant encore est selon moi le temps moyen pris pour compléter la distance du demi-marathon (21.1 km).  Non seulement s’agit-il là d’une vitesse de 1h20 :40 qui terminerait bien souvent dans les premières places des petits demi-marathons du Québec, mais surtout, il ne faut pas l’oublier, ce sont là des chronos effectués dans des conditions inhabituelles.  Premièrement, ce sont des performances à la mi-novembre au Québec.  Il faisait généralement plus froid qu’optimal pour la course à pied.  Deuxièmement, les coureurs ont tous fourni un effort en solo, contre la montre, sans concurrent.  Il va sans dire que, dans un contexte de compétition habituel, les « adversaires » aident à tirer un peu mieux de soi-même.  Troisièmement, quatre des dix relais ont été faits en partie ou en totalité dans le noir.  Généralement, ne pas bien voir où on va réduit quelque peu la vitesse.  Enfin, quatrièmement, aucun athlète du groupe n’a cherché à « peaker » pour l’Ekiden.  En fait, aucun ne s’est préparé spécialement pour cela.   Nous étions même tous dans l’après-saison, dans la période où, physiologiquement, le top de nos capacités est derrière.  Bref, plusieurs raisons portent à croire qu’il serait possible de faire encore mieux.  Par exemple, à la mi-mai, après une préparation spécifique de plusieurs semaines, sans la noirceur, avec quelques équipes concurrentes, je crois qu’il ne serait pas surprenant de voir ce chrono moyen diminuer de plus ou  moins trois minutes.  Oui, je pense qu’il serait possible, pour l’ensemble de ces coureurs, de faire le demi-marathon en un temps moyen de 1h18 :40, voire même un peu mieux.  90% des coureurs n’avaient jamais fait une pareille distance à cette vitesse.  En fait, six des 10 coureurs n’avaient jamais fait plus que 10 km en compétition –ce qui n’est surprenant compte-tenu de l’âge moyen de 21 ans.  C’est donc dire qu’avec un peu d’expérience… 

Poutine…

A la fin du périple, 7 des équipiers étaient à Warwick pour manger le repas hyper nutritif et totalement approprié qui s’imposait après une traversée du lieu officiel d’invention de la poutine au lieu officiel d’invention de la poutine !  (je laisse à ceux qui y tiennent le bonheur de trancher la controverse).  Comme dans une poutine il faut un mélange d’ingrédients (frites, sauce, fromage) pour donner le goût, notre Ekiden n’aurait pas eu la même saveur sans que nos coureurs fassent montre de diverses choses.  Classons les coureurs :

Les formules un : Dany et Marc-André, respectivement 1h15 et 1h16 au demi-marathon et à eux seuls 23 minutes de retranché à l’objectif de groupe.

Les gestionnaires : Marc-André, Jérémie, Guillaume et Robin, qui ont maintenu un rythme constant en accélérant même jusqu’à la fin au lieu de ralentir. 

Les combattants : Cédric, Anthony, Dominic, Samuel, Dany, qui après un départ contrôlé ou rapide ont dû affronter ou bien des douleurs ou bien un « mur » et se battre davantage pour persévérer dans la dernière partie de leur relais.

Les teams builders : Marc-André et Anthony qui ont accompagné et aidé durant toute la journée.

Les « entertainers » : Catégorie pour Mathieu !

Sécurité et supporters

Dès le départ de la journée, en raison des multiples virages que Cédric avait à faire durant la première moitié de son relais, nous avons informellement décidé de suivre celui-ci à basse vitesse en voiture.  Concrètement, il y avait une voiture de tête et une voiture de queue, roulant toutes deux sur les « flasheurs d’urgence ».   Ensuite, nous avons maintenu cette habitude pour chacun des coureurs…

Durant la journée, c’est un total de 8 voitures composées de coureurs, parents et amis qui se sont à un moment où un autre ajoutées au cortège des véhicules suivant les relayeurs.  Dany et Jérémie, champions à ce chapitre en raison de l’ordre de leur relais, du trafic routier sur leur chemin et de la noirceur forçant un plus grand accompagnement, ont eu droit à 6 véhicules.   Un chapelet de voitures sur les flasheurs scintillant comme des lumières de Noël !

Par ailleurs, c’est une vingtaine de personnes, majoritairement des parents et amis, qui se sont spécialement déplacés pour venir encourager un coureur durant l’Ekiden.  Nous remercions évidemment ceux-ci.

En matière de support, il faut aussi noter la rare couverture pan-régionale de l’événement.  Autant sur la rive-sud (Courrier Sud, CKBN, Le Nouvelliste), qu’à Victoriaville (La Nouvelle), qu’à Drummondville (NRJ, L’Express), les médias du coin ont fait paraître un texte sur l’événement.  Les radios ont parlé de l’avancée de notre périple en cours de journée.  Il y avait des coureurs de tous les coins de la région, qui ont parcouru toute la région, et chacun des pôles de communication médias a répondu à l’appel.  Bien que les activités d’athlétisme soient généralement plus que régionales, c’est rare que les médias de toute la région couvrent de concert les prouesses athlétiques de nos coureurs.  Nous remercions les journaux et radios de chez-nous (c’est-à-dire du Centre-du-Québec) d’avoir embarqué dans l’aventure avec curiosité et intérêt pour la faire partager à la population.

Enfin, celui qu’il ne faudrait pas négliger est Marc-Antoine (Crépeau) qui en d’autres circonstances (moins blessé pour être clair) aurait sans nul doute été un relayeur de première qualité, lui qui a fait un demi-marathon en 1h16 au printemps dernier.  Plutôt que de courir, il a été de chaque instant de l’Ekiden pour accompagner les coureurs, sécuriser le parcours en auto, donner de l’eau, texter aux médias notre progression, contacter les coureurs quant à l’évolution de l’Ekiden, etc.  Il était là à 5h40 et tout autant que nous méritant sa poutine 14 heures plus tard à la fin de la journée, faisant équipe avec Marc-André dans la logistique.  Puis, je suis le seul à avoir eu la chance de le voir, mais ça en valait la peine : le 200m de course de Marc-Antoine pour donner de l’eau à Cédric.  J’ai bien rit dans mon char en voyant Marc-Antoine se stationner à la hauteur de Cédric, sortir de l’auto et là se dire intérieurement « cr… yé loin, y va dont ben vite! » avant de décocher un sprint qui n’en finissait plus pour le rattraper.  Sans nul doute le plus rapide 200m de la journée !  Un sincère merci à Marc-Antoine qui a fait partie du 1er ekiden centricois.

Postérité et avenir

Les ekidens sont populaires au Japon depuis longtemps et depuis peu les pays européens en proposent à leurs coureurs.  Ce n’est pas chose surprenante puisqu’il y a quelque chose de naturellement attrayant dans le concept d’équipe inhérent à ces courses à relais.  Je ne serais pas le moindrement surpris de voir quelques ekidens se propager et apparaître prochainement dans le Québec.  Dans l’actuel boom de course à pied, c’est là une variante de notre sport qui marchera sans aucun doute.  Nous avons été, jusqu’à preuve du contraire, peut-être le premier ekiden de la province, à tout le moins le premier relais du genre à suivre les règles et la procédure nippone officiels.  Nous pourrons nous enorgueillir d’avoir été des pionniers, d'avoir créé un moment historique si quelqu’un, quelque part, dans le Québec, ayant vent de ce que nous avons fait, en vient à proposer un ekiden par la suite…

Pour ma part, bien que j’aimerais voir une répétition de l’Ekiden du Centre-du-Québec (faisant le tour de la région au complet en autant de kilomètres), je doute que ce ne soit envisageable.  Les relais sont tout de même assez longs et la logistique de sécurité ou de transport difficile à entendre à une plus grande échelle pour l’instant.  Puis, il était difficile de réunir des coureurs pour un pareil événement.  Évidemment, le fait que nous ayons eu, en nos rangs, 10 coureurs dans le top 20 des meilleurs de la région (et sur le lot les 7 plus rapides) rend une exacte reproduction encore plus ardue. Je ne crois pas qu’il soit possible d’envisager, pour des raisons autant physiques que d’organisation, un jour où 10 coureurs (les mêmes ou de nouveaux) feront ce que nous avons fait plus rapidement.  Ce n’est pas demain que je crois une répétition possible.  On ne sait cependant jamais…  Après tout, la même équipe, en moyenne âgée de 21 ans, serait une « dream team » à tout casser dans 6 ans.  Et si j’envisageais moi-même d’organiser ça avec la gang en 2018 ?  On verra…

Ce que j’entrevois par contre, initié par un des équipiers de la fin de semaine dernière ou quelqu’un allumé par notre aventure,  est la possible naissance d’une course du genre sous un format plus restreint.  Par exemple, un 100 km sur route entre deux villes avec 10 relayeurs ayant chacun 10 km à faire.  Un événement comme le Grand Défi, à Victoriaville, voulant se démarquer des multiples courses sur route du Québec, pourrait se distinguer de cette façon…

A refaire, il faudrait mieux prévoir un léger détail, mais oh combien crucial par moments, dans l’organisation technique de l’Ekiden : du papier.  De toilette.  De ce que j’ai subtilement pu observer, au moins 50% des coureurs de l’Ekiden aurait volontiers pris du papier de toilette avant leur départ.  Je vous épargne les détails.  Vive la course à pied !  Un monde en soi, une sous-culture avec ses réalités « propres ».  Bien sûr, les vrais coureurs, ceux qui au fil des années ont appris la parfaite technique du mouchage digital, comprendront ici tous les sous-entendus…

Dodécathlon 20.12

En terminant, je souligne que c’était pour moi le 11e défi du Dodécathlon.  Celui-là est réussi.  Sur toute la ligne.  La difficulté était de réunir ces coureurs épars et  de prier pour qu’aucun incident ne vienne anéantir le succès de l’entreprise.  J’ai personnellement dû attendre presqu'à la toute fin, quand j’ai reçu l’appel de Jérémie me disant être posté à son point de départ 25 minutes avant l’arrivée de Dany (relais #9), pour savoir que nous réussirions probablement.  Avant cela, les doutes sur la présence ponctuelle à l’endroit indiqué étaient là.  J’avoue être moi-même étonné de la réussite et de la collaboration responsable, efficace et stimulante de tous les gars de l'équipe.  Merci de votre implication qui donne le goût de croire qu’on peut encore trouver des raisons d’espérer en la fiabilité des gens et bâtir en commun quelque chose.  Et, ah oui, de me donner pour la première fois de ma vie l'occasion de voir comment Facebook et textos peuvent faire un mélange efficace et pertinent dans la gestion d'une logistique complexe (le X en moi a pour une rare fois trouvé les modalités Y un bénéfice...)

Ce 11ième défi était pour moi l’occasion d’expérimenter une autre facette jusqu’alors inconnue de la course à pied, soit le fait de courir en équipe, dépendant de l’effort commun.  Un ekiden, ce n’est pas comme une équipe de cross.  C’est plus solidaire que cela : l’atteinte de l’objectif dépend vraiment, intrinsèquement, de l’apport de tous.  Aucune substitution ou alternative n’existe.  Il faut que tous soient au rendez-vous.  Ce fut pour moi une première expérience, comme cela le fut pour les autres équipiers (qui, en plus, pour 7 d’entre eux, fut celle d’un premier demi-marathon). 

Présentement, après 11 mois d’enchaînement des défis, je suis physiquement et mentalement un peu brûlé.  Je ne sais pas si c’est l’organisation de chaque défi, le peu de répit entre chacun ou simplement l’accumulation de fatigue des entraînements et épreuves, mais je commence à avoir hâte que se conclut le Dodécathlon. 

Il reste un défi : 400 km en une semaine.  Si peu ! J’ai déjà (pas le choix) commencé à le planifier.  A pareille date l’an dernier, au moment de concevoir le projet et de séquencer l’ordre des défis, j’avais pensé mettre le 250 miles/semaine à la toute fin en me disant que s’il ne restait que cela à la fin, je n’aurais pas le choix de me dire « eh, si j’ai fait tout le reste et que je suis rendu là, pas le choix faut finir.  Après tout ce que je viens de faire, plus le choix, faut faire décembre. »  Que j’avais bien anticip mon état !  La seule motivation qui me reste pour finir décembre est que c’est la seule façon de dire pleinement victoire au Dodécathlon lui-même.  Je donnerai quelques informations là-dessus dans la semaine du 25 novembre quand j’aurais terminé de planifier ce dernier défi. 

Merci encore une fois à tous ceux qui suivent le Dodécathlon et qui par leur considération ou encouragements en font un projet plus que débile, soit enthousiasmant et agréable. 

    

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