Dodécathlon 20.12

Après 20 ans, maintenant 12 mois, pour 12 défis un peu fous...

lundi 31 décembre 2012

Bilan final Dodécathlon 20.12

Le Dodécathlon 20.12 est maintenant terminé.  Réussi.  C'est maintenant l'heure du bilan.  J'ai eu, au fil de l'année dernière, amplement le temps de réfléchir à l'expérience particulière de cette année.  Voici donc ici, dans le désordre, les principaux commentaires que je puis faire suite à cette aventure un peu folle.
 
Thrill   
 
Un des objectifs du Dodécathlon était de me faire revivre le "thrill", l'excitation du débutant nerveux et enthousiaste sur la ligne de départ.  A ce sujet, je me rends compte de deux choses.  D'une part, il ne faut pas beaucoup de points marquants dans une année pour la rendre signifiante.  J'ai réalisé 12 défis et la plupart ont, à divers degrés, généré leur fébrilité.  Par contre, j'aurais pu ne faire que le marathon intérieur pour, au bilan de l'année, sentir que j'avais fait quelque chose de particulier en 2012.  Autrement dit, l'accumulation ne rehausse pas nécessairement la qualité.  Je dirais même qu'elle finit par l'étouffer en ce sens qu'elle en fait oublier des morceaux.  Le marathon intérieur, celui sur tapis roulant, la course nocturne de juin, le joggling de mai...que tout cela paraît loin déjà.  D'une autre année il me semble.  Je n'aurais fait qu'un des défis et je crois qu'il me serait davantage cher et dans mon coeur plus présent que ceux-là, aussitôt effacés sous le poids des suivants.  La morale est qu'il suffit de quelques défis dans une année pour lui donner son plein sens.  D'autre part, je retiens que le bagage d'expériences vient éteindre le "thrill".  Même si j'étais dans la nouveauté dans chaque défi particulier, j'étais dans la généralité connu de la course à pied.  Ce ne pouvait être, contrairement à mon attente, qu'une vague reminiscence de la fébrilité du débutant.  Je ne suis plus du tout un débutant -et plus l'année avançait, moins l'étais-je.  Du coup, je n'ai pu apprhénder les défis qu'avec le "thrill" du coureur de longue date, soit avec trop de confiance en ce que je puis faire et une trop vite lucidité de ce que seraient mes limites, pour ressentir les papillons du néophyte. 
 
Excitation populaire 
 
A ma grande surprise, les gens du milieu de la course à pied, mais tout autant ceux qui s'y connaissent peu, se sont pris d'enthousiasme pour le Dodécathlon.  Initialement, je croyais que c'était le plaisir malsain d'attendre que quelqu'un se casse la gueule.  Je dus me rendre compte que ce n'était pas ça, mais plutôt l'excitation primaire de partager une folie qui donne de la vie aux jours.  J'avais vraiment l'impression, par moments, que le feedback qui m'était donné était le même que, par exemple, mes copains de terrains de jeux avaient devant nos défis dans les modules de la cours d'école lorsque j'étais petit.  "Allez, pas game d'essayer ça... Ok, je l'essais.  Non, pas vrai !  Oh boy, coooolll, malade !"  Bref, l'égard à l'endroit du Dodécathlon était très ludique.  Et c'est parfait comme cela.  Après tout, on dit souvent qu'il ne sert à rien de faire quelque chose si ce n'est pas "l'fun".  C'est l'essence même de pourquoi la plupart des gens font les choses.  Je ne suis pas, personnellement, d'accord avec ça, mais aux yeux des gens cela a justifier le Dodécathlon. Par procuration, je leur ai donné du plaisir. 
 
C'est probablement pourquoi, aussi, 6000 différentes personnes (ou ordinateurs) ont visité ce blog durant l'année. 
 
Je dirais même que ce sont les gens qui ont donné vie au concept de Dodécathlon.  Moi, à l'automne 2011, j'ai sorti ce mot là de ma tête un peu rapidement.  Or, à mon étonnement, durant l'année, les gens se sont mis à dire des choses telles que, par exemple, "Robin fait un dodécathlon" ou "où es-tu rendu avec dans le dodécathlon".  Il était difficile de nommer rapidement autrement qu'avec le mot "dodécathlon" mon projet, mais ce qui m'a étonné fut de voir que la majuscule au nom propre était parfois, implicitement, retranchée comme pour dire dodécathlon avec une minuscule, comme un nom commun.  J'ai un peu, bizarrement, donné naissance à quelque chose: faire un dodécathlon, faire 12 défis. 
 
Je ne voudrais pas trop fort m'attribuer la paternité du concept, car ce sont les gens qui ont donné au mot son âme.  Je vais tout de même prendre cette paternité et remettre à tous le concept lui-même en balisant les quelques paramètres suivants :
 
Un dodécathlon, c'est 12 défis en un an à raison d'environ un tous les mois.  C'est 12 défis qui viennent parfaire le bagage d'un coureur en lui faisant explorer des facettes nouvelles, inconnus pour lui, de la course à pied.  Peut-être un jour quelqu'un tentera-t-il le coup, à sa façon, avec ses défis. 
 
Goût de la normalité
 
Comme on pouvait s'y attendre, j'ai maintenant le goût de faire de petites courses sur route.  Je suis inscrit au marathon de Boston en avril 2013...ce qui me paraît presque une course normale après l'année que je viens de passer.  Surtout, l'entraînement pour y arriver sera, lui, normal.  J'ai fini de compresser des entraînements préparatoires à un défi en un laps de temps exagérément court (c'est-à-dire insuffisant).
 
Défi plus logistique que défis physiques
 
Je m'attendais à ce que le rythme entre les défis soit soutenu, compact.  Je m'y attendais.  Je le confirme: la difficulté est autant d'enchaîner les défis un après l'autre que de faire chacun individuellement.  Normalement, après, par exemple, une course de 12 heures avec plus de 10 000m de dénivelé, on prend quelques temps de répis, on décante.  Eh bien non, il faut vite préparer, pour dans deux semaines, une expédition entre Montréal et Québec à la course !  Ce ne fut pas toujours facile de psychologiquement soutenir le rythme d'organisation. 
 
Rien de parfait, c'est parfois ça la réussite 
 
Je ne dirai pas ça souvent, mais le mieux est parfois l'ennemi du bien.  Généralement, je défends plutôt que le bien est l'ennemi du mieux en ce sens que se contenter de peu prive de parvenir à l'excellence.  Dans le cadre du Dodécathlon, j'ai dû reconnaitre qu'il était impossible d'avoir 100% sur tous les défis.  Bien souvent, la victoire réelle en était une incomplète.  Le meilleur exemple est contredit le marathon sur tapis roulant en février, "réussi" en 3h01 au lieu de sous 3h00.  Ce n'est pas parfait, mais c'est ok.  Si ça ne donne pas l'excellence, une somme de petits imparfaits donne la réussite. 
 
Défis difficiles autres que ceux anticipés
 
La question qui m'est le plus souvent demandé, depuis la fin du Dodécathlon il y a deux semaines, est "quel était le plus difficile ?".  La réponse est le défi dénivelé du mois de septembre...et non Montréal-Québec; et non 7 x (40x400).  En fait, le défi le plus difficile est celui pour lequel nous sommes le moins prêts physiquement et mentalement.  Lorsqu'on préfigure dans sa tête la difficulté, c'est déjà plus aisément surmonté.  A l'inverse, comme moi dans le cas des multiples ascensions requises en septembre, quand nous ne sommes qu'à moitié préparé, le défi est deux fois plus gros.  Leçon, savoir où on s'en va (même quand c'est nouveau) et se préparer correctement. 
 
Coup de coeur: Endurrun
 
Le défi que j'ai préféré, mais qui a aussi été le plus enrichissant est sans nul doute l'Endurrun en août.  Si j'avais en en retenir qu'un seul, ce serait celui-là.  Je ne répeterai pas tout ce que j'ai pu dire dans le compte-rendu du mois d'août dernier.  Je souligne seulement qu'après ma semaine en Ontario, à valeureusement compétitionner avec mes compagnons d'armes, je ne suis plus le même coureur.  J'en garde de chaleureux souvenirs et le fier sentiment d'avoir progressé comme athlète.
 
Médiatisation et support
 
Certains défis ont été faits en solo, d'autres de façon davantage publique.  Je crois que ce fut correct ainsi.  Contrairement à ce que certains pensent, faire de tous les défis un bain de foule (au sens d'être suivi avant, durant et après le défi) n'aurait pas été sain.  Je suis content de la couverture médiatique, du suivi des gens, de la participation de plusieurs en cours de route, de l'accompagnement d'amis coureurs.  Je n'en aurais pas voulu plus.  C'est assez pour moi.  Narcisse s'est noyée.  Les défis en solitaires permettent de garder la tête au-dessus de l'eau et de s'accaparer pleinement la satisfaction, de générer un dépassement personnel, en fonction du regard de soi et non des autres. 
 
À refaire ?
 
Je ne referais pas le Dodécathlon pour la seule et simple raison que c'est trop exigeant sur la vie professionnelle et familiale.  De plus, il n'y aurait aucun intérêt à refaire la même chose. Si je retiens quelque chose, cependant, c'est toute la pertinence de se garder vivant, comme individu et athlète, en se lançant à soi-même des défis pour éviter de faire du sur-place.  Un brin de folie n'est pas fou du tout. 
 
Synthèse
 
Au final, il faut retenir ceci:
- un ou deux bons gros défis personnels par année suffisent à donner son plein sens à une année
-Garder l'esprit du ti-cul dans la cours d'école est inspirant, pour soi comme pour autrui.
-Parfois, mais seulement parfois, une imperfection est nécessaire à la réussite.
-L'expérience solidifie la confiance, mais atténue la fébrilité.
-La difficulté est catalyéer par le manque de préparation physique et mentale.  Il faut savoir où on va et comment on doit s'y rendre pour y arriver, et ce, peu importe la destination.
-Quand tout le monde travaille fort, l'émulation nous force à nous dépasser aussi.
-Un peu "d'exposure" ne fait pas de tort, mais une humilité silencieuse dans la discrétion est saine.
-Se lancer des défis est sain.
-Un dodécathlon, c'est 12 nouveaux défis pour un individu, en 12 mois.
 
Moi, cette année, j'ai :
 
-fais 274 tours d'une pistre de 154 mètres en 3h19
-fais 42.2 km sur un tapis roulant en 3h01
-fais le 60m, 300m, 600m, 1000m, 1500m, 3000m et 5000m marche en un même championnat (provincial !), et ce, en deux soirs (4h).
-jogglé 5km, retro-couru 5km, couru en Obélix 5km, baby-joggé 5 km.
- couru 79 km entre le coucher et et lever du soleil.
-fais 280 x 400m en une moyenne de 1:26 en 7 jours. 
-terminé 2e des 160 km de compétitions en terrains variés de l'Endurrun International.
-monté/descendu 10 260m en un peu moins de 12h00.
-donné 1100$ à la Fondation Terry Fox encourageant la recherche contre le cancer.
-couru 293 km en 33 heures entre Montréal et Québec, étalés sur 4 jours consécutifs.
-couru 217 km en relai par équipe (Ekiden) avec des top runners de ma région, et ce, en environ 38 heures autour de la région Centre-du-Québec.
-fais 401 km en 34 heures en 7 jours, à une moyenne de 5:06/km et 65% de la VAM.
 
-par ailleurs couru, pour une troisième année consécutive, plus de 5000 km (5200 cette année).
 
Ce fut mon année.  Et la vôtre ?  Mais surtout, et la prochaine, que sera-t-elle ?
 
Merci de m'avoir accompagné, suivi, supporté, encouragé durant cette année unique, ma 20e, mais pas la dernière.
 
Eu prattein
 
Robin

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